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Entretien avec Horacio Kurland : Comment réussir à faire accepter des changements dans les communautés isolées ou rurales ?

Entretien avec Horacio Kurland : Comment réussir à faire accepter des changements dans les communautés isolées ou rurales ?

BIOGRAPHIE

Horacio Kurland est un spécialiste international du développement des organisations et du renforcement des communautés dans les pays en transition. Il a participé à des projets internationaux et nationaux en Israël, dans un grand nombre de sociétés et d'organisations.

La majeure partie de son travail se focalise sur les domaines des sciences du comportement organisationnel et de la gestion du changement organisationnel. Horacio Kurland se consacre à la recherche, à l'analyse et à la création de mécanismes organisationnels et d'ateliers de consolidation d'équipes, de développement, de coaching et d'accompagnement de cadres.
Il réalise des ateliers et accompagne des processus dans les domaines de la communication

interpersonnelle, de la négociation, de la constitution de boîtes à outils pour des équipes et leur direction, du développement communautaire et du renforcement des communautés.

Comment faire accepter des changements dans des communautés isolées ou rurales

Un des plus grands défis qui existent dans le domaine du développement communautaire est de pouvoir atteindre les communautés les plus isolées qui sont dans une situation extrêmement précaire, ne bénéficiant d’aucune aide de l'État et ayant des taux de développements négatifs dans presque tous les domaines. Nous allons essayer à travers cette entrevue d’élucider les stratégies de soutien et de développement communautaire possibles.

GIMI : Comment utilise t’on la communication pour garantir la réussite d’un projet communautaire ?

H.K : La communication interpersonnelle est l'instrument qui nous permet de générer et de promouvoir des processus sociaux au sein des communautés. A travers l'observation active, nous pouvons appréhender les codes de communication au sein de la famille et dans les différentes dynamiques communautaires, mais aussi la compréhension des codes culturels et des valeurs sociales. C’est la seule façon de gagner la confiance de la communauté et ainsi promouvoir son développement.
Dans le cadre de mes interventions en classe ou sur le terrain, je mets en place des ateliers pratiques qui permettent de faire participer le groupe en utilisant des méthodologies psychodynamiques basées sur la participation et l'échange. J’anime des jeux de communication interpersonnelle (basés sur le speed-dating) pour comprendre les enjeux et les difficultés liés à la communication.

GIMI : Comment renforcer la communauté pour qu’elle s’adapte mieux face à des crises ou des désastres ?

H.K : Face à des situations de crise, la communauté est confrontée à des défis imprévisibles. Nous pouvons dénombrer 3 réactions (Triple F). La première réaction est le manque de réaction (Figé), dans ce cas, la communauté est paralysée, ce qui favorise l’augmentation substantielle du nombre de victimes et un taux élevé de chocs post-traumatiques.
La seconde réaction est de quitter rapidement la zone de danger (Fuite), ce qui génère parfois une grande frustration et une difficulté à revenir à la vie quotidienne. Dans ce cas, les communautés quittent les zones dangereuses sans préparation, et reviennent dans leurs maisons sans avoir prévu d’action préventive, ce qui augmente les chances de revivre les mêmes situations.
La troisième réaction est la lutte (Fight en anglais), dans ce cas, les membres de la communauté refusent d'être victimes de la situation et décident de prendre leur destin en main. Ils se mobilisent, ils sont actifs et coopèrent entre eux dans un élan solidaire. Cette mesure permet à la communauté de retrouver rapidement une routine de vie, et permet également de la renforcer.
Mon objectif est d’arriver à mener un groupe ou une communauté à prendre les bonnes décisions ensemble. Les processus de décisions dépendent de nombreux critères qui sont eux-mêmes parfois difficiles à déterminer. J’utilise alors des jeux de mise en situation, des études de cas et des jeux de management pour offrir de nouveaux outils de travail.

GIMI : Comment encourager la participation de la communauté dans les processus de décision pour l’amener à s’approprier un projet et ses étapes ?

H.K : Dans les processus de gestion du changement et d'organisation communautaire, la meilleure façon d’accroitre le sentiment d’appartenance à la communauté est d’impliquer de façon active l’ensemble de ses membres.
La participation aux processus de prise de décision permet à chaque membre de la communauté d'exprimer son point de vue, augmente la transparence du processus et développe le leadership local.
L'appropriation d'un projet par une communauté, accompagné du suivi et de l'assistance nécessaire, augmente considérablement les chances de succès. La communauté sera plus motivée et sera prête à participer à un projet plus ambitieux, leur permettant d'améliorer leur niveau de vie.

GIMI : Comment gérer les sujets tabous ou la stigmatisation?

H.K : Le processus de changement au sein des communautés est l'un des défis les plus passionnants et complexes à la fois. Personnellement, il me semble évident que la seule façon de créer un changement, est de sensibiliser la communauté à travers un processus et un accompagnement, grâce auxquels elle sera prête à accepter le changement. Nous ne pouvons pas imposer des changements, nous pouvons seulement générer des processus, de façon à gagner la confiance de la communauté. Elle acceptera alors de mettre de côté les tabous et les structures traditionnelles qui ne sont pas toujours positives (il convient de noter que les tabous étaient, tout au long de l'histoire, un instrument de contrôle).

GIMI : Sur quel grand projet avez-vous travaillé récemment et quel était votre rôle ? En quoi avez-vous réussi à améliorer les résultats du projet ?

H.K : Je suis actuellement impliqué dans un projet lié à la sécurité alimentaire au Guatemala, dans une région habitée par des peuples autochtones. Ils ne parlent pas l’espagnol, mais le dialecte Quechi, et il y a une incidence de près de 78 % de famine chronique.
L'objectif principal de ce projet est d'organiser les communautés de la région autour de projets productifs, de changement des habitudes de production, d’implication dans la dynamique familiale et communautaire. Nous espérons que dans un délai de 12 mois, nous serons en mesure de voir les résultats dans l'évolution de ces communautés, l'amélioration de leur nutrition, de leur organisation et de leur production. Si ce projet connait un succès, il générera alors un impact régional et fournira les bases pour les autres communautés qui souhaiteront également faire partie de ce dernier.

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