Désertification 1ère partie : L’exemple israélien
M. Ezra Banoun, Conférencier francophone au Galilee Institute, est manager, ingénieur, entrepreneur développeur en technologie et formateur.
Ayant vécu en France jusqu’en 1979, il a fait partie de la Direction Générale d’une grande entreprise multinationale développant des techniques de traitement d'eaux.
A son arrivée en Israël, il a créé ce qui est devenu une des plus grandes entreprises de traitement d'eaux usées du pays jusqu’en 2005, prenant en charge personnellement la mise au point des technologies nouvelles, le suivi de leur exploitation et la formation des ingénieurs en charge de leur gestion et développement.
Pouvez-vous nous exposer concrètement les problèmes de désertification auxquels est confronté Israël ?
Israël est un petit pays de 20,770 km2 dont près de 60% est désertique; sa population de 8.7 millions d'habitants a une forte croissance démographique.
Ces caractéristiques imposent au pays de stopper toute désertification et de récupérer de façon méthodique les superficies conquises par le désert pour permettre à la population de vivre à l'aise et au pays de continuer à accroitre sa population de façon rapide.
Comment prévenir la désertification ou en inverser le processus?
La condition première, indispensable pour prévenir, stopper puis faire reculer la désertification est de produire un effort intensif, continu et de grande envergure de « forestation » suivant des méthodes appropriées.
Dans les zones périphériques aux zones désertiques, l'utilisation appropriée de la plantation intensive d'arbres permet de créer des obstacles naturels aux vents chargés de sable et ainsi de protéger les zones agricoles des effets néfastes de leur recouvrement par un tapis de sable.
Dans les zones sélectionnées pour y concentrer les efforts de "reconquête" sur le désert, l'utilisation appropriée de la plantation intensive d'arbres permet dans un premier temps de fixer le sol agricole, puis de développer une couche d'humus et enfin d'éviter l'érosion catastrophique d'écoulements hydrauliques dévastateurs en périodes de pluie.
Il faut, en parallèle à l'effort de forestation intensive, continuer les efforts pour fixer une population stable dans toute la zone sélectionnée pour être reconquise et équiper cette zone en toutes les infrastructures indispensables pour qu'une population socialement forte choisisse de s'y établir et d’y demeurer.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de l'expérience israélienne en la matière?
Israël est le seul pays du monde dans lequel ont été atteints trois objectifs qui selon les experts internationaux étaient encore hors de portée:
- la « désertification » a été stoppée
- le désert a reculé de façon sensible: près de 50 km sur toute la largeur du pays ont déjà été conquis à la frontière nord du Néguev; cette région est aujourd'hui une zone d’activités agricole, urbaine et industrielle et dans laquelle se sont installées des entreprises de recherche et développement dans le domaine de la cyber-sécurité.
- le processus de récupération des terres sur le désert continue progressivement: quatre bandes d'une vingtaine de kilomètres de large chacune, sont en cours de conquête; ces zones deviennent progressivement des centres de développement agricoles de pointe où sont mis en place également des centrales d'énergie solaire.
Pouvez-vous nous donner un exemple de projet sur lequel vous avez travaillé en Afrique, qui répondait à une problématique liée à la désertification.
A l'heure actuelle, la plupart des projets de développement dans le domaine de l'agriculture se font dans les régions proches des centres urbains des pays d'Afrique et ne concernent pas la lutte méthodique contre la désertification.
Je suis impliqué dans deux projets, qui s'effectuent dans des zones sèches; ces projets sont à leurs débuts : la création de la coopérative des producteurs du riz et du maïs dans la Plaine de la Ruzizi, initiée par un alumni de GIMI, et les vingt-cinq coopératives en voie de création dans la circonscription de Sorobango et Tagadi en Côte d'Ivoire. Ces projets sont encore à leur début.
Ne ratez pas la 2ème partie de notre Spotlight dans laquelle M.Banoun partagera son expertise sur l’adaptation et l’exportation des solutions israéliennes en Afrique.
